Nous développons , notamment à travers le projet DICI un travail autour de la composition en temps réel et du contact improvisation : deux approches d’une écriture spontanée du mouvement que nous rattachons aussi à un travail sur la parole,

le son, le chant et parfois l’écriture manuscrite. La composition en temps réel et le contact improvisation ont chacun leur champ d’investigation et leur stratégie d’écriture, mais ils peuvent se compléter.
Le contact improvisation est une approche du mouvement  où les partenaires, via le point de contact entre les corps, et en donnant leur poids, jouent avec l’imprévisibilité du mouvement et se laissent aller au libre jeu de la gravité. 
La composition instantanée  est une relation au mouvement, à l’espace et à l’autre, dans l’instant présent. Cette dernière étant en effet étroitement rattachée à une exigence de composition, il était intéressant de lier au contact improvisation, normalement plus libre et incontrôlé, ce même principe de composition: de là voir ce que nous pouvons garder de spontanéité et de liberté.

Composition instantanée et contact improvisation reposent sur des principes d’exploration et des processus précis. Toutes deux demandent une grande écoute  et une vigilance accrue. L’une et l’autre ne sont dépourvues ni de technicité ni  de savoir-faire : simplement ils le confrontent à l’instant présent, faisant confiance que de l’instant peut naître une fraîcheur, une vérité et une inventivité qu’une écriture préméditée peut parfois manquer, en évacuant trop vite certains aspects ou certains possibilités du mouvement. La relation à l’instant, et à l’irréversibilité des choix que  nous faisons, la découverte enfin  de leurs conséquences - surprenantes pour  nous et pour les spectateurs -, posent un climat de risques et de tension qui est peut-être la toile de fond dramaturgique de toute pièce composée de cette façon. Chaque seconde est  suspendue à la seconde suivante, et le sens d'un mouvement, d’une parole, d’un choix, peut changer de perspective dans l’instant qui suit...